Nesin Insen est né.e à Tunis et vit à Wendake-Nionwentsïo (Ville de Québec). Son travail vidéo, sonore et de perfomrnace a été diffusé à Wendake-Nioenwentsïo, Bruxelles, Linz, Montréal et en ligne. À l’occasion de l’exposition collective DENSE/DENSE (Université Laval, 2023), iel est récipiendaire d’une bourse de la fondation René-Richard ainsi que du prix Inter/Le Lieu. En 2024, iel est récipiendaire d’une bourse du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) pour son projet de maîtrise en arts visuels. Iel pousuit actuellement ces études à l’Université Laval.
Démarche artistique
J’utilise différentes méthodes pour activer mon corps et explorer l’incarnation de l’identité et de l’ipséité. Par le biais de la parole, du mouvement et de l’action, je sonde mes mémoires psychosomatiques et les mets en contact avec des objets, des gens et des environnements. Je fais ainsi émerger des souvenirs et module leurs modes de relation au monde par l’improvisation. J’observe cette oscillation infinie entre ce qui perdure et ce qui mute en moi et autour de moi. Je revendique la notion d'une transformation créatrice qui joue des caractères (im)permanents de l’expérience de soi et du monde.
Je m’intéresse notamment à la parole dans les langues française, anglaise et tunisienne en les déconstruisant et en s'attardant aux pouvoirs transformatifs de leur hybridation, notamment par l’écriture automatique, l’improvisation vocale et l’édition audio et vidéo. Ce travail se décline principalement en poèmes et pièces sonores, en vidéos, en textes et en performances. Ces œuvres combinent les phonèmes et les expressions, la locution et l'écriture, l'ouïe et la vue, de manière à confondre autant les langues que les perceptions que j’en ai. Des mots français sont prononcés en arabe, des mots arabes sont écrits en anglais, et de nouveaux mots hybrides naissent au fil de ces confusions perceptives.
Je m’intéresse parallèlement aux liens entre le corps et des mediums audiovisuels. J’investigue les parts de tangible, de tactile et de proprioceptif, dans l’expérience d’un dispositif de captation ou de diffusion vidéo et/ou audio. J’emploie différentes stratégies qui visent à mettre de l’avant la physicalité de caméras, de micros, de tablettes, de casques VR, etc. Il peut s’agir d’exploiter le reflet d’une tablette électronique plutôt que la caméra qui y est intégrée pour générer une image ; de surexposer une image projetée à l’aide de sources lumineuses externes ; ou simplement de manipuler une caméra comme si elle n’était qu’une masse abstraite. J’envisage ainsi ces appareils comme des objets pleins et unifiés, sans égard à leurs composantes internes. Je cherche à subvertir ces appareils accessibles au consommateur moyen, à trouver d’autres façons d’interagir avec eux, en en faisant des instruments qui appellent à une attention et à un déploiement du corps.
Ayant un rapport trouble à mon identité, notamment parce que je suis immigrant.e, je cultive tant bien que mal les moments où je me défais et me reforme, les moments qui font que mon expérience du monde s’agrège et se désagrège.